CULTURE ET TRADITIONS
SEINE-ET-MARNAISES

L'ORIGINE DES NOMS DES COMMUNES

GENERALITES
- Lien entre culture et toponymie
- Des noms qui changent au fil du temps
- La part du Sacré

NOMS LIES A L'ENVIRONNEMENT
- La Nature
- La topographie

NOMS LIES A DES PATRONOMYMES
NOMS LIES A L'ACTIVITE HUMAINE
INTERPRETATIONS MULTIPLES ET BIZARRERIES
- Interprétations multiples
- Bizarreries




GENERALITES :

Lien entre culture et toponymie : Parler de l'origine des noms des comunes dans une rubrique intitulée "culture et traditions" peut paraître à première vue étrange. Pourtant, l'étude de la toponymie est révélatrice de la culture de la population qui a décidé de nommer son habitat. Ce sont l'environnement, le patronyme d'un notable, ou l'activité principale du village qui décident du nom d'une commune. Etudier l'origine du nom des villes Seine-et-Marnaises permet donc de nous replonger dans un passé lointain, de dessiner une Seine-et-Marne qui a peu à peu disparu. Si la topographie est toujours la même aujourd'hui, les personnages qui ont donné leur nom à une commune ont sombré dans l'oubli, les activités humaines ont été bouleversées. C'est donc une partie de notre passé que je vais tenter de recouvrer. Pour cette étude, je me suis basé sur le livre "Le Patrimoine des Communes de la Seine-et-Marne" qui est paru en deux tomes aux Editions FLOHIC et qui essaye de donner pour chaque localité l'origine de son nom. J'ai également contacté des mairies du département. Comme vous le verrez plus loin, l'éthymologie donne parfois des interpétations multiples ou amène à des bizarreries. Le temps nous a peut-être privé à jamais du pourquoi du nom de telle ou telle commune.

Des noms qui changent au fil du temps L'Histoire est riche de péripéties qui influent sur le nom des localités, comme les successions ou la Révolution Française. Les noms par lesquels ont connaît actuellement une ville peuvent être totalement différents de ceux dont on l'appelait autrefois. Il y a par exemple deux communes qui s'appellent La Ferté (La Ferté-Gaucher et La Ferté-sous-Jouarre). Ce nom vient du latin "Firmitas" qui signifie la fermeté et par extension la forteresse. Fondée en 1040, La Ferté-Gaucher a pris le nom de son fondateur, Gaucher, propriétaire de grands domaines en Brie. La Ferté-sous-Jouarre a perdu le nom de son bâtisseur, un chef franc dénommé Anculfus. Les premières appellations de la ville font mention de ce fondateur : La Ferté-Ausculphe, La Ferté-Ancoul, La Ferté-Aucoul, et la Ferté-Aucol . Puis, le nom d'Auculfus a disparu : La Ferté-sur-Marne, La Ferté-sur-Morin, et depuis 1797, La Ferté-sous-Jouarre.
Quelquefois, le nom de la commune change peu. Brie-Comte-Robert s'appelait au douxième siècle Braia. elle prit l'appellation de Braya Comitis Roberti, du nom d'un de ses seigneurs, le Comte Robert de Dreux, peut-être pour pouvoir la différencier de Bray-sur Seine. Savigny est devenue Savigny-le-Temple (à noter que pendant la Révolution, elle a pris un temps le nom laïc de Savigny-sur-Balory) pour rappeler le fait qu'elle a été possession templière (de 1149 à 1307). C'est parce qu'elle était résidence des évêques de Meaux que la commune de Germigny a pris dès le 14ème siècle le nom de Germigny-l'Evêque. Tous ces changements sont faits pour rappeler le passé, mais il arrive parfois qu'ils enfouissent une partie de l'histoire : jusqu'au dix-neuvième siècle, Boissy-aux-Cailles s'appelait Boissy-le-Repos. Les religieuses de l'abbaye de Montmartre y avaient un domaine et venaient y faire "bonne chair et bon repos".
Il arrive que le nom de la commune change radicalement. La Trétoire s'appelait par le passé Saint-Christophe-lez-Rebets. Son nom actuel (dont l'origine n'est pas élucidée) date au plus tôt du dix-septième siècle. Crevecoeur-en-Brie a longtemps été connu son le nom de "Ville Ramée", du fait de sa position à la lisière de la forêt de Crécy. Salins était autrefois connue sous le nom de Villeneuve-la-Cornue, du nom de son premier seigneur, Simon le Cornu, décédé en 1222. En 1614, son seigneur était aussi celui de Salins dans le Jura. La commune de Seine-et-Marne pris alors également le nom de Salins. Ce nom a un sens pour la municipalité jurassienne : elle vivait du sel, exploitait des Salines Royales. Rien de tel pour la commune seine-et-marnaise : son sous-sol est riche en argile et non en sel.
Au fil du temps, les communes ont grossi, certains villages ont disparu, d'autres ont fusionné entre eux. Le nom de Crécy-la-Chapelle vous semble ancien, n'est-ce-pas ? Erreur, ce nom n'existe que depuis le 1er octobre 1972. A cette date, la commune de Crécy-en-Brie a fusionné avec celle de La-Chapelle-sur-Crécy, et a pris le nom de Crécy-la-Chapelle. Nombreuses sont les comunes qui ont été réunies de la sorte et ont donné naissance à des noms composés. Pour étudier leur toponymie, il faut alors examiner l'étymologie de chacune de leurs composantes. Ainsi, Aubepierre-Ozouer-le-Repos qui naît, également en 1972, de la réunion des communes d'Aubepierre et d'Ozouer-le-Repos signifie "pierre blanche" (du latin "alba petra") et "oratoire du repos (du latin "oratorium Repositari"). Toujours, en 1972 (le 15 décembre), Préaux est rattaché par arrêté préfectoral à Lorrez-le-Bocage pour former Lorrez-le-Bocage-Préaux. En 1971, les comunes de Bernay-en-Brie et de Vilbert se sont associées pour former Bernay-Vilbert. En 1967, Donnemarie-en-Montois est rattaché à Dontilly pour former Donnemarie-Dontilly. Donnemarie vient du latin "domina Maria" qui signifie "Dame Marie" ou "Sainte Marie". Dontilly dérive, soit du latin "dominus Tiliacum" (domaine du seigneur Tilius), soit du gallo-romain "dunum tiliae" (mont du tilleul). Au cours des deux derniers siècles, d'autres réunions de communes ont donné naissance à des noms composés : Bourron-Marlotte, en 1919 est le résultat de l'union de Bourron (de "Borro", nom d'une divinité gauloise des eaux) et de Marlotte (du bas latin "materiola", espace forestier pour l'exploitation du bois de construction) ; par ordonnance royale du 4 mars 1839, Pontault et Combault ont fusionné pour former Pontault-Combault ; Chauconin-Neufmontiers est né en 1829 du rattachement des villages de Chauconin (du latin, "coquus" : cuisinier) et Neufmontiers (du latin, "novum monasterium" : nouveau monastère). C'est en 1804 qu'ont fusionné Croissy (le domaine de "Crossius") et Beaubourg (du latin "bellus burgus", le joli lieu fortifié) pour former la commune de Croissy-Beaubourg. Dans ces réunions de villages, il faut signaler le cas de Sivry-Courtry qui a beaucoup évolué depuis la Révolution : la commune de Courtry-les-Granges a été créée en 1791 par fusion des paroisses de Courtry, d'Ailly, et de Milly-les-Granges ; puis en 1842, elle a été réunie par ordonnance royale à celle de Sivry. En 1832, les communes de Flagy et de Noisy-le-Sec ont changé leurs limites territoriales : le hameau de Rudignon a été détaché de Flagy pour être réuni à Noisy-le-Sec. Il faudra attendre 1910 pour que cette dernière prenne le nom de Noisy-Rudignon. Quincy-Voisins est un peu dans ce cas. En 1807, le hameau de Segy est rattaché à Quincy, et la commune prend alors l'appellation de Quincy-Segy. Cependant un décret du 2 mars 1929 donne le nom de Quincy-Voisins à la commune. Je n'ai pas l'explication de ce changement d'appellation. Enfin, il faut signaler que ces fusions annihilent parfois le nom de la commune absorbée. C'est ainsi qu'en 1842, Lagerville est rattachée à Chaintreaux. Plus près de nous, en 1968, Chalautre-la-Reposte a été rattchée à Gurcy-le-Châtel.

La part du Sacré : La part de la religion est importante dans l'origine des noms des communes. On peut multplier les exemples de dénominations basées sur le nom d'un saint : Saint-Augustin, Saint-Cyr-sur-Morin, Saint-Fargeau-Ponthierry (Saint Fargeau est l'autre nom de Saint Ferréol), Saint-Fiacre (évangélisateur de la région de Meaux), Saint-Germain-Laxis, Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux, Saint-Mard, Saint-Pathus (nom d'un évêque de Meaux), Saint-Pierre-lès-Nemours Saint-Soupplets, Saint-Thibault-des-Vignes, Bussy-Saint-Georges, etc... Des divinités gauloises ou romaines sont aussi parvenues jusqu'à nous : Jaulnes pourrait provenir de Jalnua, déesse gauloise ; Leudon-en-Brie dérive peut-être de Lug, dieu celte de la lumière ; Hermé vient probablement du dieu Hermès. Nemours vient soit du grec "nemeton", sanctuaire dédié à une divinité des eaux ou des bois, soit du latin "nemus", bois consacré à une divinité. Lieusaint vient du latin "locus sanctus" (lieu saint) en raison des cérémonies religieuses qui se déroulent sur le territoire à l'époque gauloise. Outre les appellations fondées sur le nom des saints, la religion chrétienne a contribué à former d'autres dénominations : Villevaudé signifie la "maison vouée à Dieu" (du latin, "villa vota deo"). Dammarie-les-Lys tire son nom d'un oratoire dédié à la Vierge ("Dame Marie"). Dans la commune, une abbaye (fondée en 1244 par Saint Louis et Blanche de Castille) porte également ce nom : abbaye Notre-Dame du Lys. Les évangélisateurs ont également laissé des traces dans la toponymie actuelle : Dammartin-en-Goële désigne Martin de Tours ("Domnus Martinus), évangélisateur de la Goële. Giremoutiers évoque peut-être Saint Géroche, abbé de la localité au septième siècle, Giremoutiers pouvant signifier : le monastère de Saint Géroche.


NOMS LIES A L'ENVIRONNEMENT :

La Nature : Chanteloup-en-brie évoque le loup. Il vient probablement du latin "cantare", chanter et du latin "lupus", loup, et signifie donc "le chant du loup. Achères-la-Forêt trouve son origine dans le latin "aparium", essaim d'abeilles. Mais, ce sont surtout les arbres et les plantes qui sont présents dans la toponymie Seine-et-Marnaise. On y trouve en effet :
  • le tilleul : Thieux et Beautheil trouvent leur origine dans le latin "tilium", le tilleul.
  • le chêne : Chenou (de "cassanos", chêne) et Rouvres (de "robur", chêne).
  • le hêtre : Fay-lès-Nemours vient du latin "fagum", hêtre.
  • le bouleau : Bellot tire son origine du gaulois latinisé en "batula" ou "bellatum" qui signifie "bouleau"
  • le châtaignier : Châtenoy vient du latin "castanea" qui signifie "châtaigne". Châtenay-sur-Seine tire son nom du latin "castanelum", la châtaigneraie.
  • l'orme : Ormesson vient du latin "ulmus", orme. Mais, comme une célèbre famille française s'appelle ainsi, l'origine du nom ne pourrait-elle pas être un patronyme ?
  • le houx : La Houssaye-en-Brie : l'ancien haut allemand "huls" signifie le "houx".
  • la laîche : Lesches et Lescherolles ont leur origine du vieux français "lesche" qui désigne la laîche, une plante qui pousse dans des endroits humides comme les marais.
  • le roseau : Rozay-en-Brie vient du germanique "raus" et signifie "roseau".
  • la yèble (ou hièble) : Yèbles : la yèble (nom latin "ebulus") est une plante à fleur blanche proche du sureau.
Quant à l'origine du nom de Léchelle, c'est le latin " Liscarias" : le lieu où les plantes croisent rapidement.

La topographie : Beaucoup de noms sont basés sur la topographie de l'endroit où ils sont situés. On peut les classer en 6 grandes catégories.
  • collines et montagnes : le mot latin "mons" (colline) entre dans la composition de plusieurs communes : Mons-en-Montois, Montgé-en-Goële, Montceau-lès-Meaux (formé également du latin "aquae" qui signifie eau et indique la présence de nombreux filets d'eau). Montévrain vient du mont Evrins, nom d'une colline du village. Quant à Chaumes-en-Brie, le nom vient du gaulois "calma" qui signifie hauteur ou plateau.
  • vallées : Nant est un nom gaulois signifiant "vallée". On le trouve dans Nanteuil-lès-Meaux, Nanteau-sur-Essonne, Nangis, Nantouillet (du celte "nanto", le vallon humide). Le latin "vallis" (vallée) a servi à former Vaudoy-en-Brie. Combs-la-Ville trouve son origine dans l'indo-européen "cumbis" qui signifie relief en creux, ou vallée, ou méandre en creux.
  • plaines : On trouve l'évocation de la plaine dans des noms comme Mareuil-lès-Meaux ou Marolles-en-Brie qui tirent leur origine du gaulois "maros" (grand) et "ialos" (clairière). Presles-en-Brie vient du latin "pratum" qui signifie "prairie". Penchard vient du vieux français "penchat" qui évoque un champ en pente. Le gaulois "brogilos" (champ) a donné Bréau.
  • eaux : C'est sous diverses formes que l'eau entre dans la composition des communes du département : rivière avec Esmans (du celtique "aman"), torrent avec Rebais (du celte ou germain "resbach" qui pourrait également signifier "ruisseau au daim"), source avec Dhuisy (du gaulois "duco") ou Clos-Fontaine (du latin "clauso fonte", source fermée). L'origine de Fontainebleau est incertaine mais elle baigne dans l'eau. En effet, le nom vient, soit de la fontaine Belle-Eau et de sa source, soit du nom du sieur Bliaut qui aurait été propriétaire au Moyen-Age du terrain où se trouve la fontaine. Sammeron vient du celte "sam" (tranquille) et "arau" (eau). Les paysages du bord de l'eau sont présents avec, par exemple, les marais : Annet-sur-Marne, (du gaulois "ana", marais) Bray-sur-Seine (peut-être du latin "braium", terrain marécageux), Marolles sur Seine (du latin "mares", marais. On notera ici la différence avec l'étymologie de Marolles-en-Brie, "grande clairière"), Souppes-sur-Loing (du nom germanique "suppae" qui signifie marécage ou lieu détrempé. Gravon vient du latin populaire "grava", endroit caillouteux au bord d'une rivière. Enfin, les cours d'eau entrent souvent dans la composition des noms des communes où ils coulent : Moret-sur-Loing, Evry-Grégy-sur-Yerres, Lagny-sur-Marne, Lizy-sur-Ourcq, Le-Mée-sur-Seine, etc...
  • défrichements : On a tous appris qu'au Moyen-Age, de grands défrichements (6ème et 7ème siècles, 9ème siècle, et surtout 11ème, 12ème et 13ème siècles) ont permis la création de villes nouvelles. La toponymie en garde la trace : Echouboulains (dont le nom résulte de la réunion de Boulains au village d'Echou) vient du francique "escoes" qui signifie "essartage" ou "défrichement" (ainsi que du latin "villa Bolain"). Des défrichements en forêt de Crécy ont donné Mortcerf (de l'indo-européen "more" : marais et "essarté" : arracher le bois) ainsi que les "villes nouvelles" de Villeneuve-Saint-Denis (créée au 12ème siècle) et Villeneuve-le-Comte (créée au 13ème siècle par Gaucher de Châtillon qui lui donne le nom de "La Villeneuve du Comte de Saint-Pol en l'honneur de celui dont il épouse la fille unique, Elisabeth de Saint-Pol).
  • passages divers : La toponymie évoque également l'existence de passages naturels ou construits par l'homme. Mauperthuis vient ainsi du latin "malus", mauvais et du bas latin "pertusium", la trouée, le passage.Trilport a son origine dans le latin "tria" et "portus", le passage. C'est le "Gué d'Evrard" (en latin "Vadum Erardi") qui est à l'origine de Guérard. Varredes vient du latin "via", route et "redae", raide. Voye-de-Denon désignait la voie romaine allant de Sens (capitale des Sénons) à Boulogne-sur-Mer, et a donné son nom à la commune de Voisenon. Enfin Ville-Saint-Jacques a été dénommée ainsi car c'était une étape du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.


NOMS LIES A DES PATRONYMES :

De très nombreux noms de communes se sont constitués autour d'un patronyme. Ainsi, on a :
  • Ury : de l'anthroponyme gaulois Urios
  • Blandy : de l'anthroponyme Blandus
  • Chamigny : de l'anthroponyme gallo-romain Caminius
  • Marcilly : du latin "marcilliacum", domaine de Marcellus
  • Gressy : de l'anthroponyme Grassius
  • Flagy : le domaine de Flavius
  • Ecuelles : de l'anthroponyme Scutellis
  • Amponville : de l'anthroponyme romain Ampius
  • Chenoise : de l'anthroponyme Canesius
  • Jutigny : le domaine de Justinius
  • Coutençon : le domaine de Constantius
  • Augers-en-Brie du latin "Albiodurum", le lieu fortifié appartenant à Albius.
  • Iverny : domaine d'un nommé Eborius (nom d'origine germanique)
  • Bougligny : du nom germainique Borgienus.
  • Magny-le-Hongre : du latin "mansio", l'habitation et du seigneur Jacques le Hongre
  • Chalmaison : de l'anthroponyme noble Charlemaison
  • Arbonne-la-Forêt : du nom de Gilles d'Arbonne, premier seigneur du lieu
  • Chailly-en-Bière : du nom d'Adam de Chailly, premier seigneur connu
  • Courchamp : du nom de la famille qui a fait l'acquisition de cette terre au 17ème siècle
Des patronymes apparaissent également dans les noms constitués à partir du latin "curtis" qui signifie domaine ou exploitation agricole.
  • Courtry : de l'anthroponyme Erici
  • Coubert : du nom germanique Bert, contraction de Behart
  • Coupvray : de l'anthroponyme Prothasius
  • Coutevroult : de l'anthroponyme Ebérulfus
Des noms ne sont pas composés autour d'un patronyme, mais font référence à la personne royale : Villeroy (le domaine du roi), Bois-le-Roi (le bois appartenant au Roi) ; ou à un peuple : Meaux (la tribu gauloise des Meldes), Villeparisis (la tribu gauloise des Parisiis). Chartrettes a son origine dans le nom des Carnutes, peuple gaulois installé dans la région de Chartres. Chartrettes signifierait "petite Chartres".


NOMS LIES A L'ACTIVITE HUMAINE :

Le travail et la vie quotidienne ont été à l'origine des noms de certaines communes. Dans la toponymie actuelle, on trouve encore la trace des constructions autour desquelles ont été bâties les localités. Il en est ainsi des lieux de prières, que j'ai déjà évoqué plus haut. Ainsi, Ozoir-la-Ferrière était à l'origine un oratoire (en latin, oratorium) situé au coeur de la forêt. Moisenay vient du latin "monasterium" qui signifie "monastère". Faremoutiers tire également son nom de "monasterium" ("Moutiers") et évoque sa fondatrice, Burgondofara (Sainte "Fare"). C'est le mot latin "monasteriolum", petit monastère qui est à l'origine de Montereau-Fault-Yonne. La Celle-sur-Morin vient du latin "cella" qui signifie la cellule, et par extension l'ermitage ou le petit monastère.
On peut classer les autres noms tirés de l'activité humaine en quatre catégories :
  • les ouvrages militaires : Dormelles vient ainsi du celte "dormella" qui signifie "forteresse sur la colline". Châtres a son origine dans le latin "castrum", ce qui indiquerait la présence d'un camp retranché. Lissy pourrait provenir du latin "licias", lieu réservé à l'exercice des troupes romaines.
  • les ouvrages civils : Châtelet-en-Brie a son origine dans le latin "castellum", château. Pommeuse vient du latin "pons", le pont et du nom "mucrae" qui désigne le Morin. C'est également un pont qui est à l'origine de Pontcarré. Le nom vient du latin "potus quadratus" qui signifie "pont carré" ou qui peut désigner le constructeur de ce pont (Potus Quadratus). Buthiers vient du gaulois "buria", cabane en pierre. L'origine de Mortery, "meurtris", terme employé pour désigner les lépreux, rappelle que lors des foires de Champagne de Provins au douzième siècle, la commune accueillait les lépreux et abritait donc une léproserie.
  • l'agriculture : Le-Mée-sur-Seine vient du latin "mansio" qui signifie la maison et par extension la petite ferme. Villenoy est le "nouveau domaine rural" (du latin "Villa nova"). Othis vient du latin "hostis", exploitation rurale. Armentières-en-Brie désigne en latin ("armentaria") les lieux réservés à l'élevage du gros bétail ou le lieu où est réuni le bétail. Serris vient du latin "saria", mot désignant le lieu où l'on entrepose le bois coupé. Le latin "govesium", cépage de vigne à vin a donné Gouaix. L'agriculture a également favorisé la propriété foncière et la nécessité de la délimiter. Ainsi, Paley tire son origine du latin "paleium" qui veut dire "pieu" ou "clôture".
  • la vie économique : Noyen-sur-Seine indique un nouveau marché (en gaulois, "noviomagos"). Le vocable "ferreriacum" que l'on trouve dans Ferrières-en-Brie ou Ozoir-la-Ferrière évoque l'existence d'une activité liée au fer. Les Ecrennes tire son origine du latin "screonae" qui désigne des cabanes à fond excavé utilisées depuis l'époque mérovingienne et au cours du haut Moyen Age pour le filage et le tissage de la laine. Enfin, Soignolles-en-Brie vient du bas latin "soniola", hôtellerie, ce qui indiquerait que la commune était fréquentée par les voyageurs, en route vers la Champagne, ou vers Melun et Meaux.


INTERPRETATIONS MULTIPLES ET BIZARRERIES :

Interprétations multiples: Il arrive qu'on ne puisse pas déterminer l'origine d'un nom ou qu'il donne lieu à des interprétations multiples. Ainsi, Longperrier signifie soit, "longue pierre" (du latin "longa petra"), soit "long poirier" (du latin "longa pirus"). Cesson vient, soit du latin "cessonum", le successeur, soit du briard "cese", la cerise. Lizy-sur-Ourcq tire son nom soit de la déesse Isis, soit du latin "licium", lisière de drap, soit encore de "lix", lieu aquatique. Favières vient, soit du latin "faba", fève (pour désigner le lieu où poussaient des fèves), soit de "fébris", fièvre (pour désigner un lieu avec de nombreux étangs susceptibles de propager cette maladie). Verdelot peut provenir du germanique "vernos" (aulne) ou du latin "vividus locus" (lieu verdoyant). L'origine de Chailly-en-Brie est, soit le celte "cala", lieu d'étape, soit le gaulois "callio", caillouteux. Si Chelles vient bien du latin "cala", sa traduction est incertaine : abattis d'arbre, lieu défriché, ou endroit pierreux. De même, Bagneaux-sur-Loing a pour origine le latin "balneum" qui signifie soit, "bains publics", soit "lieux fréquemment inondés".
Des noms proviennent soit de vocables antiques, soit d'anthroponymes. Mitry-Mory est un exemple significatif. Cette ville est le fruit de la réunion en 1839 de deux villages Mitry et Mory. Ces deux noms pourraient venir de deux chefs romains Mintrius et Maurius. Mitry peut également provenir, soit de "mitre", petit tertre, soit de "medium triciti", "au milieu du froment". Mory, quant à lui, peut provenir, soit de "mori", petit marais, soit de "moretum", petit vin noirci du jus des mûres. Montigny-Lencoup est composé de deux termes, Montigny et Lencoup. Le premier signfierait "domaine de Montanus" ou "montagne couverte de gros bois". Lencoup pourrait venir du vieux français "L'Ancoup" ou "Lencolp", "l'inculpé" ou pourrait signifier "gagna sa liberté et son indépendance lentement". Vimpelles peut venir du gaulois "Vimpus Olum", domaine de Vimpus, ou du latin "vicus pelagii", le village au bord de l'eau. De par sa position à la limite de plusieurs seigneuries, Chaintreaux peut venir du terme "chaintre", ceinture, limite ; mais il peut également trouver son origine dans le nom d'un propriétaire gaulois, Cantarus. Si l'anthroponyme "Thaurignius" semble bien être à l'origine de Thorigny-sur-Marne, on peut faire un rapprochement avec "Thor", dieu soleil, et ce d'autant plus facilement que la ville a abrité une chapelle connue sous le nom du "Haut Soleil". On dit que Courtacon vient du nom d'un guerrier gaulois "Accon", farouche opposant à Jules César, mais n'est-ce pas plutôt du latin "curs" (le village ou le domaine agricole") que la commune tire son nom ?

Bizarreries : La traduction en français moderne donne quelquefois des choses difficiles à comprendre. Ainsi, Tousson viendrait du latin "tossum" qui signifie "toux". Drôle de nom pour une localité ! Mormant viendrait du germanique "Morman", Mor (emprunté au latin) signifiant "brun" et man, "homme". Noisiel tirerait son origine du latin "nuceus", "qui est en bois de noyer". L'origine de Jaignes donne froid dans le dos : il vient, soit du vieil allemand "gehan", avouer sous la contrainte, soit du latin "gellinis", tourment, soit encore du vieux français "géhie", confession sous la torture. Quant à l'origine de Perthes, elle est légendaire : il s'agirait du cri d'effroi "Ah, quelle perte cruelle !" proféré par une mère apprenant que ses trois fils s'étaient entretués.
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Ce dossier n'est pas exhaustif (je n'ai pas étudié les 514 communes du département) et peut contenir des interprétations qui ne sont pas les vôtres. Si vous avez des éléments à ajouter ou d'autres explications, n'hésitez pas à poster un message dans le
forum ou à m'adresser un mail.

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